Dans L’âge difficile d’Henry James il y a une phrase sur les jeunes filles. Elles sont comme des agneaux avec un ruban autour du cou qu’attendent, «dans leur avenir, les grands abattoirs de la vie ». En lisant les poèmes de Victor Hugo sur sa petite Jeanne, je me demande quels seraient les grands abattoirs qui l’attendent dès que de l’art du grand-père il ne lui resteront que la renommée et éventuellement la fortune pour comme protection.
« Ma Jeanne, dont je suis doucement insensé,
Etant femme, se sent reine ; tout l’ABC
Des femmes, c’est d’avoir des bras blancs, d’être belles,
De courber d’un regard les fronts les plus rebelles,
De savoir avec rien, des bouquets, des chiffons,
Un sourire, éblouir les cœurs les plus profonds,
D’être, à côté de l’homme ingrat, triste et morose,
Douces plus que l’azur, roses plus que la rose ;
Jeanne le sait ;
elle a trois ans, c’est l’âge mûr :
Rien ne lui manque ; elle est la fleur de mon vieux mur,
Ma contemplation,
mon parfum, mon ivresse ;
Ma strophe, qui près d’elle a l’air d’une pauvresse,
L’implore, et reçoit d’elle un rayon ; et l’enfant
Sait déjà se parer d’un chapeau triomphant,
De beaux souliers vermeils, d’une robe étonnante ;
Elle a des mouvements de mouche frémissante ;
Elle est femme, montrant ses rubans bleus ou verts,
Et sa fraîche toilette, et son âme au travers ;
Elle est de droit céleste, et par devoir jolie ;
Et son commencement de règne est ma folie. »
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